Les soixante ans
d’indépendance du Gabon font de lui une Nation Mature du point de vue de son
âge malgré les différentes fluctuations rencontrées au cours de sa marche.
Nonobstant ces mutations, le pays a su se maintenir dans la paix et même une
certaine stabilité toutefois, le Gabon et les Gabonais jouissent-ils de leur
indépendance ? Comment s’est faite 
l’évolution, mieux le développement du pays depuis 1960 jusqu’à
lors ? C’est pour revenir sur ces aspects que Maxime  NGOZO ISSONDOU, Haut Cadre et Ancien Ministre,
a bien voulu nous accorder un entretien sans faire dans langue de bois.

Le Gabon libre est vieux de soixante ans : pouvez-vous nous parler de l’évolution du pays depuis cette Indépendance ?

« Le 17 aout 1960, le pays a donc accédé à la souveraineté internationale et pour ceux qui sont nés juste à cette période là (je suis un enfant de l’indépendance), quand j’ai pris conscience au tout début des années 70, nous avons pu constater les déplacements du Président Léon MBA dans l’arrière-pays qui faisaient résonner le mot INDEPENDANCE. Nous savions donc que nous étions indépendants; il y’avait des Cadres à former et le pays à développer. Nous avons évolué dans un discours plutôt constructeur, un discours de grande fierté nationale qui nous a habités pendant nos études. Donc, en 1970 on est dans une formations scolaire ; 1980 on arrive dans une formation universitaire avec ces ferments, le train est en marche car pour le Feu Président Omar BONGO ONDIMBA « pour moi la jeunesse est sacrée » et cette jeunesse qui est sacrée pour moi c’est celle qui va à l’école, c’est celle qui se forme pour pouvoir prendre part à l’édification d’un Pays moderne et d’une Nation forte ».

Les étapes et les réalisations :

« Vous voyez que c’est avec tous ces éléments que nous avons été bercés, et ce que l’on peut globalement dire aujourd’hui sur ces trois périodes (1960-1975 ; 1975- 1980 et 1980-2005), on assiste à des évolutions marquantes dans les secteurs qui accompagnent notre marche vers le développement : le train ; l’université avec la formation d’une élite, ou la préservation de notre mémoire à travers la création du CICIBA (Centre International des Civilisations Bantous).

Ces axes structurants chez un individu, la formation, la culture et puis le développement : vous voyez que tout ce qui se fait aujourd’hui et que poursuit le Chef de l’Etat son Excellence Ali BONGO ONDIMBA tourne autour de cette formation qu’il a élargit avec des mesures en faveur des bourses, avec la décision sur la création d’autres unités de formation et sur le développement. Il met un accent sur la route, vous pouvez partir de Libreville aujourd’hui pour parcourir cinq cent kilomètres sur du goudron ; le pont de Mayumba ; Port-Gentil qui est relié au continent; toujours dans le cadre du développement : c’est ce qui est recherché, le développement et bien entendu nous pouvons également citer d’autres qui se sont ajoutés comme l’AGEOS pour ce qui est de la couverture spatiale de notre pays , et le renforcement des capacités en matière de santé avec les CHU d’Owendo ; de Libreville et d’Angondjé. Face à la crise sanitaire  actuelle, le pays a assez bien résisté car nous avions déjà ces structures là qui pouvaient être activées en faveur des populations gabonaises.

Y’a-t-il une différence entre les époques précoloniale et postcoloniale ?

« A la fin de la période coloniale, et dans les toutes premières années de l’indépendance, il y’a quelque chose sur laquelle ceux qui ont parlé étaient unanimes, le comportement. Dans les années 60 l’Agent Public avait conscience de se mettre au service des usagers, on attendait de lui un certain nombre de qualités, la probité dans ce qu’il avait à faire ; et le Président Omar BONGO ONDIMBA l’avait dit «Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour faire ce que nous sommes en train de faire » ; il dénonçait déjà la corruption, le Président Ali BONGO ONDIMBA a renforcé ce combat contre la corruption et dans les toutes premières années de l’indépendance, lorsque la presse nous informait d’un certain nombre de dysfonctionnements, quelques fois on en revenait pas. Nous entendons des personnes qui étaient actives à cette époque là dire, « en 1962-1970 ça ne pouvait pas arriver ».

L’autre point c’est sur le goût de l’effort : on a vu dans ce pays des compatriotes qui avaient par exemple choisi de ne pas travailler dans la fonction publique devenir forestiers ; entrepreneurs des services et ont fait leur vie en dehors de l’administration mais à un moment donné, il y’a eu un relèvement  qui voulait que tout le monde fut fonctionnaire avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Il y’avait des précurseurs qui pensaient à la libre entreprise pour pouvoir apporter leur contribution à la construction du pays et cela aussi a disparu aujourd’hui car, la fonction publique est plus généreuse d’abord au niveau des recrutements et quelques fois assez étonnante au niveau des sanctions à appliquer en cas de faute, ce qui n’est pas le cas dans le privé car dans le privé, si vous devez débuter le travail à 7h30, à cette heure là vous êtes devant la machine pour travailler. Vous voyez que dans la ville tout le monde doit pouvoir embaucher mais dans l’administration il y’en a qui arrivent au travail à 10h ou à 11h quand ils peuvent se déplacer si non, ils ne viennent pas du tout.

A une certaine époque, il n’y’avait pas cette anarchie que nous avons aujourd’hui en matière d’urbanisme, il y’a des zones entières, des quartiers où on ne peut aller en voiture, donc les pompier en matière de secours et les ambulances ne peuvent y aller : ils sont obligés d’attendre sur une voie principale et parfois  à plus d’un kilomètre pour aller intervenir en cas d’incendie. Mais ces choses n’existaient pas après la période coloniale et même dans les années 80, donc ce sont des comportements assez délités ».

La monnaie du colon toujours utilisée ne fait-elle pas du Gabon une Colonie de la France ?

« Je me mets sur un plan plus dynamique. Quand vous aurez votre monnaie vous allez la convertir avec laquelle ? Vous aurez une multiplicité d’écritures comptables qui vont s’amonceler donc je pense sans y être un connaisseur parce que mes lointaines et modestes notions d’économie me font penser peut-être que ce n’est pas important. Mais qu’est ce qui est important me demanderiez-vous? Ce qui est important c’est la maîtrise de votre économie et vous avez la maîtrise de votre économie en produisant et en vendant. Produisez et vous vendez ; lorsque vous êtes forts, ces questions à mon avis pourraient devenir secondaires.

Pour ce qui est de la souveraineté internationale du Gabon, je pense que la question ne se pose pas : le Gabon est  bel et bien indépendant » !

Vos  vœux pour les 60 ans du Gabon indépendant :

« Chacun de nous doit s’investir inlassablement pour le développement du Gabon et la félicité de ses habitants ».

Propos recueillis par Juliette BAYARD

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